La Nouvelle République est revenu sur mes premiers mois à l'Assemblée nationale. Ci-dessous l'article en intégralité.
Roger Chudeau Député du Loir-et-Cher
Quels premiers pas pour Roger Chudeau ? Entre propositions marquées bien à droite et volonté du RN d’apparaître comme un parti de gouvernement.
Il faut encore monter quelques meubles. Trouver un canapé. Le député RN Roger Chudeau, élu en juin, prend ses marques dans sa permanence de Salbris. Mais aussi dans la circonscription et dans l’hémicycle. Il a complété son équipe, avec une assistante parlementaire dédiée à la circonscription, Cécile Gonzalez. et un assistant parlementaire à Paris, Romain Donadini.
Parmi ses premiers actes forts en tant que parlementaire, il a voté pour, comme ses autres collègues du parti d’extrême droite, la loi du gouvernement comportant des mesures d’urgence pour le pouvoir d’achat. « Nous ne sommes pas dans une opposition systématique. Nous voterons tout ce que le gouvernement fera pour améliorer la vie des Français », commente l’élu solognot. Voilà pour la volonté d’apparaître comme un parti de gouvernement.
Une proposition de loi sur le voile qu’il qualifie lui-même de « plus polémique »
Mais ira-t-il jusqu’à voter le budget 2023, LE texte qui marque l’appartenance ou non à la majorité ? Des parlementaires de tous bords sont invités à compter de mardi après-midi à Bercy pour plancher sur le budget, mais le RN a décliné l’invitation. Les députés n’auront la copie du gouvernement entre leurs mains que le 26 septembre prochain. « Ou le budget du gouvernement tient compte des difficultés vers lesquelles nous allons. Ou bien il est insincère et nous nous battrons pied à pied », prévient Roger Chudeau.
Au cours de l’été, le nouveau député de Sologne a initié trois propositions de loi, toutes dans la droite ligne de l’idéologie du RN. « Elles sont dans le circuit de validation », assure-t-il. La première veut instaurer une tenue uniforme d’établissement à l’école primaire et au collège. La deuxième, en association avec la députée RN du Vaucluse Marie-France Lorho cherche à faciliter l’école à la maison. Et la dernière, qu’il qualifie lui-même, de « plus polémique », visant à interdire le port du voile par les femmes qui accompagnent des sorties ou des voyages scolaires. Dans le sud du Loir-et-Cher, Roger Chudeau indique avoir rencontré « une douzaine de maires », dont ceux de Romorantin, Selles-sur-Cher, Saint-Aignan… mais pas encore – en dehors d’une brève poignée de mains aux Nuits de Sologne – celui de Lamotte-Beuvron qui l’a déclaré persona non grata dans sa commune.
Roger Chudeau voudrait initier, « de préférence avant la fin de l’année », une « table ronde » sur la désertification médicale qui réunirait l’agence régionale de santé, les conseils de l’ordre, les pompiers… et les élus. « L’idée est de faire un état des lieux de la situation médicale et sanitaire, de faire un point sur les solutions que les élus ont pu trouver et de s’organiser pour ne pas se concurrencer entre communes. » Il compte également amender la proposition de loi contre l’engrillagement du sénateur LR du Loiret Jean-Noël Cardoux, « en lien avec les chasseurs ».
« Le parti a changé »
Vous avez été inspecteur général au ministère de l’Éducation nationale. Quel regard portez-vous sur cette rentrée ?
« Je parle comme opposant mais surtout comme un professionnel. Je suis effrayé : on laisse l’école dériver vers le prochain iceberg. La rentrée a été à peu près normale, mais ce n’est pas une performance ! C’est l’administration qui fait la rentrée, ce n’est pas le ministre. En revanche, comme jeune député, j’ai posé une question au ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye pour lui dire que je ne discernais pas dans ses prises de parole de politique éducative. Je n’ai toujours pas de réponse. Son programme en cinq priorités, c’est du niveau, technique, d’un recteur. Le vrai problème, à l’origine du manque d’attractivité du métier, c’est la dégradation de l’autorité des enseignants. Les jeunes gens n’ont pas envie de vivre cela, surtout pour un salaire faible. »
On sent bien que votre parti est mal à l’aise avec l’idée de fêter ses 50 ans. Vous n’assumez pas l’histoire de votre parti fondé par des anciens pétainistes et des ex de l’OAS ? Cela fait tâche quand on aspire à gouverner la France ?
« Je ne sais pas s’il y aura une célébration publique, en tout cas, je n’ai rien à mon agenda. Je viens juste de rejoindre cette formation politique. Je n’ai pas de connaissance profonde de son histoire. Tout a changé depuis la création [du FN] : il y avait un mur, le péril communiste…. Le parti a changé. D’un parti d’opposition vindicatif, il est devenu un parti de gouvernement, qui veut gouverner. Je crois que les fondateurs du FN ne reconnaîtraient plus ce qu’ils ont créé dans le RN. D’ailleurs, ils ne le reconnaissent plus… »
Le 5 novembre, le RN choisira un nouveau président pour succéder à Marine Le Pen. Alors, plutôt Jordan Bardella ou Louis Alliot ?
« Pour moi, c’est Bardella. Je l’ai d’ailleurs parrainé [dans la procédure interne]. Je n’ai rien contre Louis Aliot mais je pense un coup plus loin. Et quand je vois un jeune homme de 26-27 ans [comme Jordan Bardella] qui a tenu tête, dans un débat, à Gérald Darmanin, je me dis qu’il a un destin politique. Il a du talent, il a de l’avenir. »
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